Etienne LANDRAY - Rencontres aviaires

 Rencontres aviaires


RENCONTRES AVIAIRES et ANIMALES

Je profite d’une journée pluvieuse où l’inaction me pèse pour ajouter à mes souvenirs aéronautiques quelques anecdotes .

Dans ma vie de pilotaillon, j’avoue avoir eu une fois une grosse frayeur, cela a duré quelques instants mais rétrospectivement, mon épouse et moi avons eu beaucoup de chance . Nous revenions d’une petite promenade avec notre 1050 et en intégrant la branche vent arrière de la piste 22 à Libourne le soleil dans la

figure nous sommes rentrés dans un vol de grues qui volait à contre QFU ! Il y en avait partout ; quand elles arrivaient au niveau du bord d’attaque elles étaient aspirées par la dépression de l’aile, heureusement car ce genre de volatile pèse 
environ 5 Kg et vole aux alentours de 50km/h plus les 180Km/h de l’avion, on imagine les dégâts si une de ces bestioles avait percuté l’aile, le pire était celles qui passaient au niveau du pare brise , j’ai eu le temps de distinguer leur plumage et leurs pattes repliées, aucune n’a percuté l’hélice, nous ont-elles vus et ont-elles su éviter l’abordage ? Toujours est-il qu’immédiatement j’ai coupé les contacts et me suis posé hélice calée en PTU à mi piste, à part ces oiseaux il n’y avait que le 1050 dans le secteur . Nous avons eu très peur, les copains qui nous regardaient du sol aussi . Tout s’est bien terminé , c’est un miracle .


J’effectuais un petit tour de routine aux alentours de ma maison avec mon Galopin bis à une hauteur de 1500 pieds j’ai vu à la même altitude un gros oiseau


solitaire, je me suis rapproché et j’ai reconnu une cigogne qui volait majestueusement avec un battement d’ailes assez lent, je me suis mis pratiquement à une quinzaine de mètres la laissant sur ma gauche et ai réduit ma vitesse en fonction de la sienne aux environs de 50Km/h, chose 
parfaitement possible avec mon petit pou, et je l’ai suivie pendant un quart d’heure, au début cela ne devait pas trop lui plaire car elle faisait des changements de cap  dès que je rapprochais mais elle gardait la même altitude ; au bout de trois fois elle s’est mise à voler droit et s’est mise en descente au dessus des palus de Saint Loubès puis elle se posa probablement dans son nid spécialement aménagé sur une étagère en haut d’un arbre . En rentrant chez moi le soir je me suis muni d’une paire de jumelles et suis parti dans les marais ayant bien repéré l’emplacement de son nid et j'ai revu ma cigogne (je suppose que c’était la mienne) sur ses pattes sûrement affairée à nourrir sa progéniture, une chose est sure je ne savais pas qu’une cigogne pouvait voler si haut !

En courte finale avec le GL1 et mon copain Yvon comme passager, face à l’océan sur l’aérodrome de Montalivet un groupe de chasseurs se trouvait en bout de piste, tout à coup j’en ai vu un me viser avec son fusil et un nuage de fumée est sorti du canon je n’ai pas été touché et ce geste m’a fortement déplu, j’ai plongé et suis passé en radada et fait galoper ces messieurs qui se sont mis à plat ventre, une fois posé un gars qui se trouvait sur le tarmac nous a emmené avec sa voiture, car je voulais avoir une explication, mes chasseurs s’étaient volatilisés ( courage fuyons !) . Ensuite il m’a conduit à la gendarmerie sur ses conseils j’ai déposé une main courante, mais je n’ai jamais eu de nouvelle de cette affaire. Je comprends que l’on puisse aimer ce genre d’activité, mais certains chasseurs ont des comportements d’abruti.
Une autre fois (cela n’a rien d’aéronautique mais cet événement s’est déroulé dans la même région ), j’étais en escale au Verdon avec mon remorqueur et me promenais avec un collègue au bord de l’eau quand un espèce d’épouvantail est sorti fusil à la main d’une cabane faite de planches disparates et de sacs de ciment vide et m’a collé son arme sur le ventre ! Parait-il que nous faisions trop de bruit et qu’il était à l’affût, croyez –moi dans ce genre de situation on s’écrase - mon gars s’est calmé nous avons regagné notre bord à cinquante mètres de là , et pendant plus d’une heure nous avons donné des coups de sirène de façon a effaroucher ses canards, cette aventure renforce mon raisonnement sur le comportement de quelques-uns qui se prennent pour des cow-boys (heureusement ce n’est qu’une petite minorité ) quand ils sont en possession d’une arme.


VOL DE RECONNAISSANCE

Quelque temps après mon installation à Libourne je bricolais sur mon avion qui à l’époque était garé dans le hangar de l’aéro-club quand je fus abordé par une personne , c’était un éleveur qui avait perdu une vache depuis deux jours et qui me demandait si quelqu’un pouvait la retrouver depuis un avion . Étant tout seul je lui ai proposé mes services , mais avec le DR400 de l’aéro-club .

Tout d’abord je lui ai demandé dans quel secteur pensait-il l’avoir perdue , son exploitation se trouvait à une vingtaine de kilomètres au sud de Castillon la bataille , j’ai déplié ma carte au 500.000 ème afin qu’il puisse me montrer le plus exactement l’emplacement de sa ferme et ses pâturages , il me fit un point et paraissait assez sur de lui . Tout en préparant le Dr 400 il m’avoua qu’il n’était jamais monté dans un avion et ne semblait pas trop rassuré, il pensait que je pouvais y aller tout seul et le renseigner à mon retour, je ne voyais pas les choses de cette façon ! Je l’ai persuadé de venir avec moi sinon j’aurais été dans l’incapacité de trouver cette vache au milieu de nulle part. J’installe mon gus sur le siège passager et nous voilà partis. Jusqu’à là il semblait s’être endormi et je me disais dans le fond de moi-même que cela ne serait pas de la tarte de trouver sa ferme si il ne sortait pas de sa béatitude ; arrivé verticale de Castillon il se réveille et reconnaît la ville et le voilà qui prend les choses en main et me guide directement jusqu’à son exploitation , en me citant les noms de petits villages (non stipulés sur la carte ) Pour un gars pour qui c’était le baptême de l’air chapeau ! Aux alentours à part quelques pâturages ce n’étaient que des champs de maïs , retrouver une vache la dedans équivalait à chercher une aiguille dans une botte de foin ! Enfin j’ai appliqué une méthode de mon invention je me suis mis à tourner en rond en écartant mon rayon d’environ 500 mètres à chaque tours, cette combine avait du bon car au bout de quelques tours, on a aperçu notre bestiole au milieu d’une grande parcelle de maïs qui semblait se régaler.



 Mon éleveur reconnu tout de suite le champ et savait à qui il appartenait, nous sommes revenus le plus vie possible à Libourne. A peine arrivé il s’est empressé de téléphoner chez lui pour que son employé récupère son bovin . Nous avions volé près d’une heure il me remboursa tout de suite sans discuter et parti à toute vitesse avec sa voiture mais avant il m’a demandé mon nom. Quelques temps plus tard un carton de vins et une lettre de remerciement m’étaient adressés au club house de l’aéro-club . Geste délicat de la part de ce monsieur qui est monté en avion pour la première fois récupérer sa vache et qui en plus s’était avéré un navigateur hors pair.