Délémontez Jean

Délémontez Jean -- Concepteur --
Catégorie parente: Concepteurs, plans et kits.
Catégorie : Concepteurs


LA BELLE HISTOIRE
DES
JODEL.

Jean Délémontez membre d’Honneur de l’ACAA

L’histoire débute avec Edouard Joly (1898 – 1982) qui entre comme apprenti au service d’une petite entreprise de construction et réparation de matériel agricole en Bourgogne, spécialisée en matériel viticole. Quelques années plus tard, il en deviendra le patron.

Edouard Joly participe à la grande guerre (il a 19 ans), affecté au camp d’Avord dans l’aviation (en 1917) puis à Dijon-Longvic. De ce contact avec les avions de l’époque, il gardera définitivement le virus de l’Aviation.

Après la guerre, il participe à la création de l’Aéro-club de Beaune (1924) pour lequel il construit plusieurs planeurs AVIA et un moto-planeur de sa conception inspiré de l’AVIA XI.A, appareil qui volera en avril 1933, et détruit en 1939 suite à une rencontre avec ….. une automobile sur la piste… !!

Edouard Joly découvre alors "Le Sport de l'Air", le fameux bouquin de Henri Mignet, (Voir "Le sport de l'Air" de Henri Mignet). Il est « emballé » par le livre, et entreprend aussitôt la construction d’un HM 14, en collaboration avec un copain André Montoloy. Après 400 heures de travail l’avion est terminé (HM 14 N° 26). Il est très modifié et amélioré, le premier vol aura lieu en Mai 1935.

Edouard Joly est ainsi devenu un des pionniers de la construction amateur sur Mignet HM14… Son Pou du Ciel est devenu ensuite célèbre pour sa participation aux journées d’Octobre 1935 à Orly, devant plus de 20 000 spectateurs, et au vol de groupe des 9 Pou du Ciel au dessus de la foule… Ce HM 14 historique est pieusement conservé à Beaune, visible au hangar des Avions Jodel. (fuselage seul)

Edouard Joly deviendra le président de l’Aéro-Club de Beaune en 1945, son épouse, Charlotte, en était la dévouée secrétaire…


Construit par Edouard Joly : l’Avia 20 «A» en 1933 et détruit en 1939


Autre construction d’Edouard Joly pour son club de Beaune : un moto-planeur
extrapolé des planeurs Avia (Mai 1933)


Le HM 14 construit par Edouard  Joly

Dans la mêmes période, un jeune homme, passionné lui aussi d’aviation, se dirige vers une carrière militaire; il se nomme Jean Délémontez (né en 1918). Fraichement sorti en 1935 de l’école militaire de Rochefort, il est muté à Dijon en 1936, et est affecté comme mécanicien sur les Nieuport 62 et Spad 510 de la base.

Un jour, avec son copain Adonis Moulène (1), comme lui militaire, il entend parler d’un amateur du coin qui a construit un pou du ciel, et décident d’aller voir sur place cette construction… Déception : l’avion est démonté, car l’épouse du constructeur, Mme Joly craint pour la sécurité de son mari, suite aux accidents à répétition de cette époque… Malgré tout, le contact est noué et une amitié nait entre les deux hommes. Le couple Jean Délémontez/Edouard Joly deviendra par la suite célèbre et les deux noms associés deviendront Jo-del, pour Joly et Délémontez.

Délémontez se lie donc d’amitié avec Edouard Joly et il s’inscrit aussitôt à l’AC de Beaune. Il fut ensuite régulièrement invité à déjeuner chez les Joly…. dont la fille était charmante… Elle deviendra quelques temps plus tard, l’épouse de Jean Délémontez, ce dernier devenant ainsi membre de la famille… Ils auront cinq enfants, Janine qui dirigera la SAB de Beaune (devenu depuis Avions Jodel), Jacques, Josette, Chantal et Michèle.

(1) Adonis Moulène deviendra plus tard un des piliers du RSA. Pour honorer sa mémoire a été crée une récompense prisée des amateurs : la coupe qui porte son nom, et qui est remise tous les ans, au Rassemblement National…. J’ai eu l’honneur de la recevoir en 1982 pour ma construction d’un HN 433 «Ménestrel» F-PYKA.



De gauche à droite : Michèle Délémontez (*), Charlotte Joly, épouse de Edouard, Jacques Délémontez (*), Edouard  Joly, Chantal Délémontez (*), Janine Délémontez (*), Jean Délémontez et Madeleine Joly, épouse de Jean Délémontez et fille d'Edouard Joly.

(*) : enfants de Jean Délémontez et de Madeleine Joly

En 1936, Jean Délémontez étudie un premier projet d’avion : le D-1 (pour Délémontez N° 01). La construction de ce petit monoplace sera lancée avec l’aide du copain d’armée de Jean Délémontez : Adonis Moulène. Seul le fuselage sera terminé, et une partie de l’aile, puis le tout fut abandonné après le départ de Moulène pour Orange. L’avion sera stocké chez un copain en attente d’une suite espérée après la guerre. L’avion terminera sa vie comme poulailler… et oublié de tous.

 

Joly demande alors à son gendre de lui étudier un biplace à partir du monoplace, le D-2, dont le projet ne sera pas concrétisé. Un autre projet élaboré à partir du D-2 sera étudié en version biplan, là également sans suite. Suivrons le D-3 biplace à ailes hautes, le D-4 biplace à ailes basses en métal, le D-5, une extrapolation du D-1. Puis viendrons le D-6, un ULM avant la lettre, le D-7, biplace torpédo à «aile vivante», le D-8, un triplace à ailes hautes et à cabine, et enfin D-9 qui restera dans l’histoire.

Aucun de ces projets ne sera concrétisé, à part le D-9, mais ceci a permis à Jean Délémontez d’étendre ses connaissances en matière de conception, calculs et construction.



En 1941, Jean Délémontez entre au bureau d’étude de l’Atelier Industriel de l’Armée, comme projeteur. Il aura ainsi accès à une importante documentation technique, ce qui lui permettra d’acquérir une solide formation de concepteur. C’est l’époque du D-4, pour le D-5 c’était en 1943, le D-7 en 1945 et le D-8 en 1946.

La guerre terminée, Jean retourne à la vie civile, et recherche son D-1 mais ce dernier a été détruit entre temps… car sans nouvelles de son constructeur.

Jean fonde ensuite avec son beau-père Edouard joly la Société des Avions Jodel (1946) qui répare et entretien, sous contrat, les planeurs du SALS (Service de l’Aviation Légère et Sportive). En même temps l’entreprise de réparation d’engins agricoles continue de fonctionner avec bonheur… de l’autre côté de la rue !

Janvier 1947, Jean Délémontez étudie un neuvième appareil, monoplace en bois à aile basse.. Comme il n’est pas prévu de diffuser les plans, ceux-ci sont directement tracés sur les rares morceaux de CP disponibles…. Il fallait faire simple et léger en cette période de disette. La construction est menée bon train : Délémontez se charge de la structure en bois et son beau-père de toute la partie mécanique…


Le prototype du Jodel D-9 en construction à Beaune.

 


Joly baptisera ce D-9 « Bébé Jodel » en souvenir des « Bébé Nieuport » qu’il avait connus à Dijon pendant la première guerre.

Le 21 Janvier 1948, l’avion est prêt à voler, mais les deux compères hésitent : le terrain de Beaune est écarté à cause des critiques émises par bon nombre de membres du club… le premier vol sera donc réalisé en secret, à partir d’un champ isolé repéré un peu plus tôt.

Au matin, il a neigé et le vol semble compromis… Le moteur Poinsard (rescapé du HM 14) est lancé. Il tourne comme une horloge, Joly décide de tenter un décollage… L’avion décolle en quelques mètres et se comporte à merveille.


21 Janvier 1948 : premier vol historique du Jodel D-9
 

Le D-9 prototype, il est maintenant exposé au Musée de l’Air du Bourget.

 


Le vol n’aura duré que quelques minutes, contrarié par un léger brouillard d’hivers, puis Jean Délémontez, à son tour, s’installe à bord pour 3 autres tours du terrain. Satisfaction : l’avion s’est révélé parfait, dès sa conception… Il l’est encore de nos jours ! Seul le moteur n’était pas très fiable. Il lâchera 10 fois en 80 heures de vol mais les talents de pilote de Joly lui éviteront la casse. Sa pratique du vol à voile y était sans doute pour beaucoup..

Edouard Joly et Jean Délémontez

 

Le petit Jodel D-9 présenté au public dans le journal les ailes va vite devenir célèbre. Les amateurs de l’époque sont ravis de pouvoir construire autre chose que des HM-14 et dérivés. De plus la construction du Bébé Jodel se révèle simplissime et économique.

Délémontez étudie en 1951 un appareil triplace dont la construction sera mise en sommeil. Ce sera le D-10, mais l’équipe est trop occupée par la production du Bébé Jodel D-9 et l’aile sera stockée dans l’attente de meilleurs jours.

Très vite la demande des constructeurs amateurs s’oriente du monoplace D-9 vers un futur multiplace, directement extrapolé du monoplace et de construction identique. L’appareil sera finalement biplace et sera construit à Beaune en 1950. Il sera baptisé D-11 et deviendra l’avion préféré des Aéro Club sous la dénomination de Jodel D-112. Il deviendra le cheval de bataille des Clubs Français, en pleine expansion dans cette période d’après guerre. L'avion sera décliné en 35 versions du D-11 au D-128 et construit par plusieurs sociétés, comme Wassmer qui produit le D-112, Valladeau (SAB de Guérêt) qui produit le D-119, Alpavia qui construit le D-117, SAN, à Bernay, qui produit le D-112 etc..(Voir le tableau récapitulatif de tous les Jodel)

 Pièces constitutives du Jodel D-11 (prototype) en construction à Beaune.

Le D-111 N° 02 en vol , le N° 01 (D-11) sera immatriculé F-PBBF


Ateliers de la SAB à Beaune rebaptisé depuis Avions-Jodel.




 Atelier de la SAN à Bernay, qui deviendra plus tard Avions Mudry






Magnifique dessin de Jean Pérard.
</

 




Un personnage arrive qui va transformer complètement cette belle aventure, débutée dans le petit monde des constructeurs amateurs et qui va devenir une production industrielle importante et réputée ; le personnage se nomme Pierre Robin.


Né en Août 1927, Pierre Robin pratique très tôt le modélisme et entreprend, à 19 ans, la construction d’un ….. Pou du ciel HM 14 !!!…. Tout comme Joly, Piel, Gardan etc.. L’appareil volera en 1946. (témoignage de Pierre Robin lui-même !)


Pierre s’oriente très tôt vers l’aviation légère, et deviendra instructeur de vol à voile à Blois en 1952, ou il construira un premier Jodel D-9.


Le club de Dijon recherche un instructeur. Pierre postule et est embauché dans la foulée. Dijon étant un terrain militaire, la cohabitation entre militaires et civils n’est pas simple. Pierre trouve une solution en créant de toutes pièces un nouveau terrain à Darois ou le Club de la Côte d’Or va migrer rapidement. Le fonctionnement du club en est largement facilité.


En 1954, Pierre fait la connaissance de Jean Délémontez qui cherche un pilote pour effectuer les essais en vol des avions produits par la petite société Jodel. C’est LA rencontre qui va devenir mythique … Pierre de son côté construira coup sur coup deux Jodel en 1954/56 : un D-112 et en 1956 un D-119 pour son club. Il est aidé par ses élèves ce qui rend, on s’en doute, la chose passionnante pour tous.


Pierre Robin demande à Délémontez de concevoir et calculer un triplace à partir de la cellule du biplace D-11. L’opération est grandement facilitée par la présence d’une aile déjà construite : l’aile, mise de côté par manque de temps, celle du D-10 déjà citée plus haut. Il ne reste que le fuselage à construire, ce qui sera fait en 1956/57, et c’est sous la dénomination de Délémontez-Robin DR 100, que sera immatriculé le F-PIER, N° 001. L’avion volera au printemps 1957.



Le DR 100 triplace construit par Pierre Robin sur plans de Délémontez. L’avion donnera naissance à la série DR 100, dont le célèbre DR 1050 Ambassadeur.

 

L’avion rencontre un vif succès, et plusieurs amis de Pierre lui demandent de leur construire la même chose…. Ce sera le début de la petite société des Avions Robin qui portera au début le nom de CEA (Centre Est Aéronautique) et qui construira les 4 séries de DR : la série 100 – 200 – 300 et enfin 400, avec dans chaque série de nombreuses variantes. Mais ceci est une autre histoire.


Jean Délémontez et Pierre Robin à l’époque de la Sté CEA.

 

Pour revenir à la construction amateur; La gamme disponible se composait toujours à l’époque du monoplace D-9 et du biplace D-11 (D-112). Un constructeur amateurs de l’Oise Alain Cauchy, qui avait déjà construit plusieurs D-9 à Persan-Beaumont, imagine la construction d’un biplace très allégé et extrapolé du monoplace, en conservant un maximum de pièces communes. Il en parle à Délémontez qui trouve l’idée intéressante. C’est ainsi que la gamme Jodel se dote d’un petit dernier : le DC 1 (pour Délémontez-Cauchy). La nouveauté étant l’installation d’un simple moteur Volkswagen en remplacement du lourd Continental des D-112. Lle moteur est en effet un simple VW 1600 cc de 70 cv. L’avion vole admirablement bien, et là encore c’est une réussite éclatant. La masse à vide n’est que de 216 kg

Premier vol en été 1979 (F-PYFU), l’avion fera grosse impression au Rassemblement National du RSA de Brienne le Château ou il sera justement récompensé…



La couverture d’Aviasport avec le DC 01 de Alain Cauchy.

   Nous avons le plaisir de mettre à votre disposition Article sur le DC 1  de Alain Cauchy - publié dans le Cahier du RSA N° 121  de  fin 1981 : cliquer pour le lire en PDF :
Cauchy CD1

Le DC 01 sera par la suite encore amélioré, allégé et simplifié, par Jean Délémontez, qui était ravi du succès rencontré auprès des amateurs par l’avion. Une liasse de plans est mise au point, la dénomination finale deviendra Jodel D-18 et si un train tricycle est installé D-19.

Plus tard, les D-18 et 19, encore allégés et dotés de volets, seront classé ULM avec dénomination D-185 (train classique) et 195 (train tricycle).


Le D-19 tricycle en version CNRA (à train classique il devient le D-18)

 

L’histoire se poursuit encore de nos jours (2014) et, malgré son grand âge (96 printemps en 2014), Jean Délémontez, toujours vaillant continue de produire des nouveautés très appréciées des amateurs. Sa dernière production est le Jodel D-20 dont le prototype a été construit par la SAB de Beaune et dont la production était prévue en industriel par la petite société ALMS à l’époque installée à la Ferté Allais. Cette société en a construit 2 exemplaires d’une finition remarquable, tous deux classés ULM, l’un à train classique l’autre en tricycle. Le prix final étant jugé exorbitant il ne fut donc pas donné suite à cette production, dommage !!

L’exclusivité de la construction ayant été confiée à la société ALMS il n’est pas possible, pour le moment, de construire un D-20, en CNRA ou en ULM, et c’est bien dommage.

Mais, pour permettre de relancer ce bel avion auprès des amateurs, Jean Délémontez se penche actuellement sur une autre version du D-20, le D-21 dont 2 exemplaires sont en construction à Royan. Facilité : Jean Délémontez habite maintenant à Ronce les Bains, soit tout près de Royan, où il passe une retraite bien méritée mais encore très active.

 
Jean Délémontez  nous à quitté le 7 Juillet 2015..

 

Jean-Claude Afflard


 Le Jodel D-20 ULM à train classique de ALMS












 Le D-20 ULM à train tricycle de ALMS.

Quelques (rares) amis proches de Jean Délémontez ont obtenus l’autorisation de construire des D-20 et D-21. Ainsi, il existe quelques appareils en vol dont celui de Richard Evra de Creil (les hélices) et celui de Daniel Ragot de Royan.



Le Jodel D-21 ULM de Richard Evra. Modèle évolué (et disponible aux amateurs) du D-20


















 Magnifique Jodel D-20 de Daniel Ragot basé à Royan : un petit DR 400 biplace. Moteur Limbach L 2000 (75 cv) sur base VW(cette très belle machine a brulé dans le hangar de Royan)








 



En Mai 2008, les deux compères, Pierre Robin et Jean Délémontez, se sont retrouvés à Royan pour la remise de la Légion d’Honneur à Jean, pour son œuvre en faveur de l'aviation légère Nationale.





 Remise de la Légion d’Honneur par le Ministre des transports, Dominique Bussereau, en présence du Maire de Royan et de Claude Belot, sénateur de la Charente Maritime.


Une foule de journalistes et amis était venus à Royan pour l’occasion.


















SAB : Société Aéronautique Bourguignonne - Beaune (devenue Avions Jodel)

CEA : Centre Est Aéronautique - Darois (Pierre Robin)

SAN : Sté Aéronautique Normande - Bernay (Lucien Querey)




Série 100 : le DR 1050 « Ambassadeur » triplace ou 2+2 de 100 cv
 











Série 200 : le DR 220 (train classique 2+2) 120 cv Lycoming
Série 300 : le DR 315 (train tricycle 2+2) Lycoming de 120 cv
















Série 400 : le moderne, rapide et confortable quadriplace DR 400. Le plus connu dans le monde, (© Pierre Caillaud)












Ici un DR 500 équipé d'un moteur Porsche.


















Un D-20 de construction amateur, et classé ULM  ici le N°2 

Ce
D-20  ULM est maintenant la propriété de Daniel Ragot, pour remplacer son autre D-20  disparu dans l'incendie du hangar de Royan. 





 Un Jodel D-92 « basique » : ULM à moteur Volkswagen. Le plus simple et économique à construire de tous les Jodel.
















D-185 : version ULM du D-18.



















Bibliographie :
La merveilleuse aventure des avions inventés par Jean Délémontez, construits par Edouard Joly, Pierre Robin et de nombreux industriels et amateurs, à été racontée en détails dans de très nombreux ouvrages revues et journaux, la liste complète en serais trop longue, je ne cite que les plus connus :



 
























*Deux ouvrages très complets de Xavier Massé publiés aux Nouvelles éditions Latines









*Le N° « Spécial Jodel » d’Aviation Magazine (N° 482 du 1 Janvier 1968) dont une reproduction presque intégrale est publiée sur ce site. (Voir l'article de l'Aviation Magazine).
 *Les 2 Articles de Alain Yves Berger publiés dans la revue « Pilote-Privé », N° 58 (Octobre 1978) et 59 (Novembre 1978) consacrés aux Jodel de l’époque.
Photos :
Jean-Claude Afflard et divers extraits de sites internet et revues ou ouvrages.
 




Réçit de Jean Délémontez : le DR 400 un proto jamais finalisé…

A l’usine, les équipes essayaient de mettre au point une verrière coulissante vers l’avant pour le tout nouveau Heintz métallique, mais les solutions étudiées ne donnaient pas satisfaction, Robin me demanda de donner un avis sur la question, il faut dire que les solutions adoptées me faisaient bien rigoler…

A la demande du patron (Pierre Robin) j’étudiais un système qui s’avéra valable, ma verrière avait été montée sur un fuselage de DR 300 extrait pour l’occasion de la chaine de production..

Pour monter ma verrière, j’avais pas mal modifié le fuselage du DR 300, le plat bord avait été sacrément abaissé, ce qui permettait un accès à bord grandement facilité, mais au départ, cette opération avait été réalisée pour permettre de loger les glissières de la verrière… les modifs de la menuiserie n’étaient donc que très provisoires, je comptais refaire les plans pour une adaptation définitive optimisée et nettement plus légère..

Le patron (Robin) était emballé par la formule, et sans attendre de nouveaux plans, ordonna la transformation de toutes les cellules en cours de construction pour adapter la nouvelle verrière coulissante ; certes, j’avais vérifié par le calcul que tout tenait la route, mais les « bouts de bois » modifiés, déplacés et adaptés au mieux n’étaient en principe que très provisoires…. Robin imposa de ne rien changer à la construction, et c’est ainsi que le DR 300 à portière, passa en DR 400 à verrière coulissante, le DR 400 est de ce fait resté un prototype jamais totalement achevé… une modif sérieuse aurait pourtant allégé l’avion de plusieurs kilos.. kilos qui demeurent parfaitement inutiles..

La série des DR pourrait facilement en outre être allégée de 30 à 40 kg, sans problème, en retirant tout un tas de choses inutiles… mais luxueuse, ces « accessoires » ne sont là que pour faire vendre (ex moquette épaisse) c’est donc à contrecœur que j’ai accepté que les DR soient « plombés » d’un tas de choses inutiles et au final nuisibles, si le boss m’avait écouté, l’avion serait bien plus léger et performant… c’est ce qui explique la légèreté des Jodel construits en CNRA : ils sont dépouillés de toutes pièces ou accessoires inutiles, je suis arrivé ainsi à concevoir un biplace train tricycle qui passe en ULM… (le D-195).. De toutes manière, ma philosophie est la suivante : « si ce n’est pas réellement indispensable, c’est forcément inutile… »

Propos recueillis par Jean-Claude Afflard, lors d’une conversation avec le «Chef» à Marennes.

 

----------ooOoo----------

 

Diffusion des plans :

Avions Jodel

Aérodrome de Beaune-Challange 

21200 – Beaune    

Tél/Fax : + 33 3 80 22 96 38