Le givrage du carburateur -- Jean-Claude Afflard

Le givrage du carburateur -- Jean-Claude Afflard



Le givrage du carburateur :
Dans le carburateur, au niveau de la sortie du venturi, juste en avant du papillon des gaz, se produit un brutal refroidissement de l’air, dû à la combinaison de la détente de l’air,  et de la chute de température consécutive à la vaporisation d’un produit très volatil : l’essence.
L’abaissement de la température peut atteindre moins 30 ° c , la valeur moyenne étant de moins 20° c . (Différence de température entre l’air ambiant et l’air en sortie du venturi dans le carburateur).
Si l’air aspiré (et fortement refroidi) est chargé d’humidité, il peut se former rapidement du givre et/ou de la glace. Givre et glace se déposent en périphérie du venturi, et sur le papillon des gaz, le phénomène peut être à la fois rapide et important, obturant même totalement le venturi ce qui va interrompre l’arrivée du mélange Air + Essence, et par suite, l’arrêt du moteur !!
Ce givrage interviendra si la température interne en sortie de venturi est comprise entre zéro et moins 15° c, la température la plus favorable étant de moins 5°c.
Si le papillon des gaz est ouvert en grand, (parallèle au vent qui sort du venturi) le risque est légèrement réduit : la surface du papillon  qui est placée dans le lit du vent froid, est réduite à l’épaisseur du papillon, et le givre ne  se déposera qu’avec difficulté sur cette  surface si réduite, mais elle finira tout de même par s’y déposer… cela prendra  simplement quelques  secondes de plus. Par contre cela n’empêchera pas le givre de se déposer sur la surface interne du venturi, mais là encore, le givrage sera moins rapide, mais malgré tout certain.
 A l’inverse, un papillon des gaz au ralenti augmente considérablement le risque de givrage, car l’ouverture restant, étant très petite (en quartier de lune) a pour effet d’augmenter encore plus la vitesse de l’air et donc la chute de température


Dès le premier symptôme de givrage (perte de puissance par arrivée du mélange réduit) essayer d’ouvrir les gaz en grand (plein pot) mais sans forcer : il est possible que le papillon des gaz soit déjà bloqué par la glace, forcer pourrait abîmer la commande, et éliminer définitivement  la possibilité de se sortir de ce mauvais pas….
Si la température est inférieure à moins 15°c dans le venturi, le risque de givrage s’éloigne, l’air est trop froid et/ou trop gelé (glace) pour se déposer sur la surface interne du venturi qui est également très (trop) froide… la glace « glisse » sur les surfaces sans pouvoir se fixer sur ces dernières… cette situation est malgré tout très instable..
Pour éviter le givrage du carburateur, un dispositif (boite de réchauffage) admet de l’air réchauffé en provenance  de la tubulure d’échappement, mais pour être efficace, le réchauffage doit augmenter la température de l’air admis au minimum + 50°c , (Norme Air 2052) ce qui n’est pas toujours le cas, et si le système manque d’efficacité, (l’air extérieur devrait suivre un chemin sinueux grâce à des cloisons en quinconce afin d’allonger le temps du réchauffage  (temps plus long = température plus élevée) trop souvent, l’air ne fait qu’un bref et rapide passage le long de l’échappement, bien trop bref pour assurer un réchauffage efficace, et dans ce cas le remède est pire que le mal :  un système de réchauffage qui n’assure  par exemple qu’un gain de 20° , avec une température extérieure de moins 5°c, la température qui règne dans le venturi sera  par exemple de moins 25°c, le risque de givrage est nul (trop froid) mais dans le doute, si le pilote active la réchauffe carbu,  l’air admis « monte » de 20°c …. Grave erreur puisque l’air du venturi passe à moins 5°c avec un risque certain de givrage…. Tout en ayant la réchauffe tiré !!!
Si la réchauffe carbu est efficace (gain de + 50°c) et dans la même configuration de température venturi de moins 25°c  (givrage impossible) le fait de tirer la réchauffe fait remonter la température à + 25° c, et dans les deux cas, le givrage est impossible… d’où la consigne impérative de n’agir sur la commande que en tout ou rien, jamais de réglages intermédiaires qui à tous les coups aura pour conséquence un givrage….et l’arrêt du moteur !
Ainsi le pilote qui « bidouille » la manette de réchauffage en position intermédiaire, (par exemple de moitié) avec les mêmes éléments que ci-dessus : température  carbu de moins 25° c  et une réchauffe efficace  (gain de + 50 °c) va favoriser un givrage par élévation trop faible de température de l’air admis de (par ex) 20°c seulement, faisant remonter la température carbu de moins 25 °c  à moins 5°c …. Et un givrage garanti !
Enfin, il est dit plus haut que la chute de température dans le venturi s’abaisse d’une valeur comprise entre moins 15° et moins 35°c …(en moyenne de 20°)  cette valeur est en effet variable selon le carburateur, (forme du venturi, diamètre de ce dernier, vitesse de déplacement de l’air dans le venturi etc…)
Comme on peut s’en rendre compte, le nombre de paramètres qui entre en jeux est multiple et variable,  alors, comment définir en sécurité le bon réglage de la commande ? : La seule manière d’assurer la sécurité est d’installer un thermomètre d’admission qui indique la température exacte qui règne dans le venturi à l’endroit le plus sensible au givrage.


Le mode d’emploi est simple : sur l’instrument est clairement indiqué une zone rouge ou jaune, l’aiguille de l’indicateur ne doit JAMAIS se trouver dans cette zone, et pour cela, agir sur la commande de réchauffage  en observant l’instrument, la position de la commande va faire bouger l’indicateur d’un côté ou de l’autre, cette aiguille sert de guide pour trouver le bon compromis, soit d’un côté ou de l’autre de la zone dangereuse, et la plus éloignée possible de cette dernière… la chose est donc très simple  et sûre !!
Il n’est même pas nécessaire de connaitre la température venturi…. Seule la zone de danger est à fuir au plus vite.


 A noter que lors d’un givrage du carburateur, et par suite, admission d’air chaud, (commande tirée à fond, ou correctement réglée avec l’indication de la température interne) dans un premier temps, le givre et/ou la glace déposée dans le venturi va fondre plus ou moins rapidement, ce qui va générer un fonctionnement chaotique du moteur par admission de la glace fondue (transformée en eau) ne pas modifier la position de la commande de réchauffage… tout rentrera dans l’ordre plus ou moins rapidement… à condition d’être certain de l’efficacité de la réchauffe (gain de + 50°c mini)… en cas de doute, seul le thermomètre permet de se tirer d’affaire en sécurité et facilement.