VACHE
Toujours avec mon copain Aimé et à bord du GL1 nous nous sommes vâchés du côté de Sainte Foix la Grande (j'ai déjà parlé de cette histoire dans le chapitre « Que penser du pou du ciel » ) . On essayait une nouvelle hélice qu'Alain Léger m'avait faite, je trouvais que l'avion allait un peu vite -210 Km/h à 2450tr/mn- alors qu'avec la précédente (Evra 28b) à ce régime on volait aux alentours de 190Km/h.
En entamant un virage à cette vitesse, un bruit infernal se déclencha suivit de fortes vibrations, j'ai cru que c'était l'hélice qui foutait le camp et j'ai coupé de suite les contacts , sans même m'inquiéter de la présence d'un champ ad doc qui pourrait nous recevoir, j'avais l'impression qu'on allait tout casser ; en même temps Aimé a eu le bon réflexe de tirer les manettes des volets de décrabage d'un seul coup grand silence et plus de vibrations, à partir de ce moment je me suis inquiété de trouver un endroit où nous poser , nous étions aux environs de mille pieds, pas question d'une remise en marche du moteur. De plus je ne savais pas encore quelle était l'origine de ce tremblement ( hélice cassée ? )
Dessous j’aperçus un champ entre deux haies de peupliers, un cultivateur était en train de passer le rouleau avec son tracteur. Après une PTS savante je me suis posé juste à côté de lui ( je reconnais que cette fois la formule pou a un grand avantage dans ce genre de situation ! )
Aimé et moi sommes sortis de l'avion un peu flageolant quand même et le paysan s'est mis à nous invectiver en nous disant que nous pourrions aller nous poser ailleurs ! Quelques instants plus tard ayant compris la situation il s'est excusé et nous demandé ce qu'il pouvait faire pour nous.
Ayant constaté l'origine de notre mésaventure, les volets étaient entrés en flûter, et étaient déchiquetés ; ces commandes n'étant pas indispensables sur appareil de formule Mignet (d'ailleurs je ne m'en servais jamais, aussi bien sur le GL1 et autres poux sur lesquels j'ai volé) il suffisait de les démonter et de repartir mais le champ était un peu court même tout seul dedans avec un minimum d'essence . Notre brave cultivateur avait sa ferme juste à côté et nous proposa de nous stoker l'avion dans une de ses remises, il partit chercher une remorque, pendant ce temps là Aimé et moi démontions les ailes
Sur le GL1 et sur la plupart des poux du ciel, cette opération assez simple. Le soir tout était à l'abri dans la grange et nos épouses sont venues nous chercher évidemment nous étions pas trop fiers et avons fait profil bas afin de ne pas les affoler et nous faire trop engueuler !
La réglementation aurait voulu que l'on prévienne la gendarmerie, à part notre brave paysan , personne ne nous avait vu , l'avion démonté et au chaud j'ai préféré me taire afin d'éviter un tas de formalités administratives avec les autorités compétentes .(probablement une visite du Bureau Véritas payante après le remontage en prime).
Le lendemain matin, un dimanche accompagné d'un troisième larron nous sommes repartis avec ma voiture (CX Citroën ) avec caisse à outils, chambres à air, blocs de mousse, sangles et autres ficelles chez notre fermier afin de transporter le GL1 sur le terrain de Sainte Foix .
Nous avons posé 2 chambres à air sur le toit de la voiture et mis la première aile dessus , le tout bien ficelé et sanglé pour un premier voyage vers l'aérodrome situé à 3 Km, en roulant tout doucement , le point délicat était la traversée de la route nationale Libourne Bergerac , nous réussîmes à passer entre deux files de voitures, la petite route qui monte au terrain étant juste en face ; par chance il n'y avait personne à l'aérodrome . On posa l'aile sur l'herbe sous la surveillance de notre troisième compère. Même manipulation pour la deuxième aile .
Sans
ses ailes, le fuselage étant sur ses roues, la roue arrière de
forte dimension solidaire du gouvernail, il suffisait de le
remorquer . Nous avons établi un bout d'environ cinq mètres de
long amarré sur le moyeu d'hélice d'un côté et sur l'attelage de
la voiture de l'autre. Aimé s'installa dans le cockpit, et
conduisit avec le volant qui fait office de manche sur le GL1,
l'étrange convoi tracté par la CX que je conduisais se mit en
marche. Au moment de traverser la nationale l'affaire était plus
ardue. Nous étions arrêtés au stop attendant un trou assez
important pour redémarrer doucement, car de ce genre de situation il
vaut mieux y aller mollo ! Enfin l'occasion s'est présentée ,
tout se passa très bien et nous nous retrouvâmes sur la petite
route pentue pleine de virages qui monte à l'aérodrome. Ayant
toujours un œil dans le rétro, tout à coup voilà le pou qui tombe
dans le fossé. J'ai stoppé immédiatement et suis descendu voir ce
qui se passait, je vois Aimé en train de gesticuler dans la cabine,
j'ouvre la porte, Aimé s'extirpe de la cabine en rouspétant et se
frottant les fesses, une guêpe ou un frelon venait de lui piquer
les fesses!
Il enleva son pantalon et en effet je pus
m'apercevoir qu'il avait bel et bien été piqué, heureusement que
cet insecte ne ne soit pas manifesté lors de la traversée de la
nationale !
Une fois remis de ses émotions nous avons du sortir la carlingue du fossé qui était assez conséquent Quelques minutes plus tard nous étions au terrain toujours aussi désert où seul notre copain attendait.
Le remontage a duré une petite heure, après les vérifications d'usage, à midi pile je décollais seul à bord pour Libourne, ni vu ni connu. Vingt minutes plus tard le taxi était dans son hangar, une heure après mes équipiers arrivaient avec ma voiture.
Après cette aventure, j'ai demandé à Alain Léger d'enlever un peu de pas à l'hélice, très étonné il me dit que c'était bien la première fois qu'un de ses clients trouvait que son avion allait trop vite avec une batteuse sortie de chez lui !
Après avoir bien analysé à froid le déroulement de cet incident dû à un phénomène de flûter - vibrations qui peuvent arriver sur les gouvernes d'avion souvent dû à des câbles de commande détendus principalement sur les ailerons, et aussi dû à un phénomène de résonance, qui peut provoquer une action destructive et conduire au désastre dans certaines conditions - ,de toute façon dans notre situation, au pire ces volets se seraient arrachés du bord fuite, ces artifices étant utiles qu'au moments d'un atterrissage par fort vent de travers et tout serait rentré dans l'ordre.
Ces volets par leur procédés de fabrication en tôle de dural collée et de dimensions excessives ont été la principale cause de cet incident. Je les ai reconstruis beaucoup plus petits, toujours en dural, un copain chaudronnier aviation me plia les tôles à la dimension voulue et j'ai terminé la fabrication avec des nervures rivetées .
NB : A propos de ces fameux volets :
Emilien Croses à eu l'idée sur ses Criquets de monter des volets sur l'aile arrière manœuvrés par des manettes séparées les commandant uniquement à cabrer vers le haut séparément, il est vrai que par fort vent de travers le pou ne possédant pas d'ailerons cela permet de décraber l'avion au moment de l'impact, l'inconvénient est que lorsque l'on tire un de ces volets l'avion prend une assiette à cabrer ce que ne facilite pas trop l'atterrissage. Le GL1 étant équipé de ce système je m'en servais jamais, le LM01 en a été équipé malgré tout, avec son train tricycle et sa vitesse d’atterrissage ( 60 km/h) le vent de travers ne me gênait pas beaucoup surtout sur une piste en herbe assez large. Je pense que pour Emilien Croses et mon père, et même moi par la suite, le Pou du ciel ayant quand même un gros défaut au niveau de sa stabilité horizontale en cas de mauvais centrage, l'usage simultané de ces deux volets aurait pu nous sortir d'une mauvaise position en cas de pétard !